Friday, September 27, 2013

L'idiot


Samedi 22 juin 2013, j'ai pris le train pour rejoindre Paris. Emilie m'y a accuillie et cela m'a donné un coup de vieux et m'a surprise car la dernière fois que nous nous étions vues, elle était encore au lycée et moi, je débutais juste la fac. Maintenant, elle a terminé ses études, est dans le monde du travaille et moi, j'erre toujours.

Dimanche 23 juin 2013, au petit matin, j'ai pris l'avion pour Tromsø. Pas le temps de réaliser, c'est à peine si j'ai réussi à préparer une valise remplie de choses inutiles en catastrophe et avec le cerveau à côté après une épuisante semaine d'examens. Par inutiles, j'entends, prendre des livres trop compliqués qui parlent de chimie, plein de cours, une cargaison de shampoings ... mais pas de vêtements nu chaussures imperméables, ni de vêtements potables pour participer à un séminaire ou éventuellement sortir. Futile.

Je m'attendais à un été studieux. Habituellement, le mot stage rime avec 'no life', beaucoup de lecture et s'aérer le cerveau en buvant une ou plusieurs bières le week end, mais ne connaissant personne à Tromsø, je me voyais déjà apprendre le c++ ou Python pour remplir mes soirées lors des jours pluvieux. Bullshit.



Dès la première semaine, les choses se sont présentées différemment. Mon stage s'est avéré interessant et n'ayant aucune connaissance de fonds sur mon sujet, j'ai beaucoup lu et le soir, il était très tentant d'aller se perdre près du port, observer un par un les bateaux ou encore aller se perdre au pied d'une des montagnes environnantes. La légendaire châleur et la générosité des Scandinaves n'a pas épargné Tromsø et rapidement, je me suis retrouvée invitée à droite et à gauche. Grand bien m'a pris de chercher une colocation plutôt qu'une chambre dans une résidence étudiante, car je suis tombée sur deux colocataires avec qui je me suis parfaitement entendue. Tromsø est également une ville où l'on ne s'ennuie pas. 

Les journées ne sont pas stressantes, la ville est vide au mois de juillet et je n'ai pas pu résister à l'appel des cafés et de leurs terrasses ensoleillées. En effet, bien qu'il puisse pleuvoir pendant une semaine à Tromsø, il peut aussi y faire (très) chaud et ce fut le cas cet été et dans ce cas, rien de tel qu'un frappé au café accompagnant une lecture. Les nuits sont encore plus surprenantes car à Tromsø, le soleil ne se couche pas et c'est agréable de sortir d'un bar à 2h du matin en plein jour. En parlant de bar, j'ai trouvé mes temples de l'électro et autres découvertes plus ambiantes je dirais. Il s'agit de Circa et de Solid.

Les Norvégiens m'ont également plu dans leur manière d'être, dans leur discrétion et leur ouverture d'esprit sur certains points. Alors qu'en France, ce sont principalement les mères qui promainent leurs enfants en poucette, ici ce sont plutôt les pères. Les habitant de Tromsø tiennent également beaucoup à leur ligne et cherchent à avoir une vie saine, en faisant du sport et en mangeant légèrement le midi. C'est la première fois en des années que l'on ne s'est pas moqué de mon repas du midi. Enfin, ici ce n'est pas un crime d'avoir une vie personnelle à côté de son travail et on n'a pas à être présent juste pour montrer que l'on est présent. Si l'on a terminé plus tôt, on s'en va et personne ne nous jugera pour cela. 



Bien que la ville soit très intéressante et agréable à vivre, si l'on va à Tromsø, c'est plus pour les paysages qui l'entourent que pour la ville en elle même. Bien qu'émerveillée chaque matin en marchant vers la fac, je n'ai pas eu cette forte impression qui m'a faite frissoner, lors de mon premier séjour à Tromsø, à la vue des montagnes. J'aime beaucoup la montagne et la mer et n'ayant jamais eu l'occasion de vivre à la montagne ou près d'elles, j'ai été ravie d'en voir à perte de vue. L'odeur de la mer m'a également enivrée chaque jour. Mais, le plus intéressant à mon goût, a été d'aller se perdre dans le Troms ou aux Iles Lofoten. Observer chacune des images qui défilent sous nos yeux, en silence m'a mise en paix avec moi-même et m'a permi de me ressourcer. Je me rappelle de la fois où nous avons campé en bord de mer, à Ramberg. D'un côté, une mer sombre se présentait, et de l'autre, un tryptique montagne verte-brouillard-sable fin. Ou encore, la découverte de Reinøya par mauvais temps, ou comment nous avons vu la pluie d'abattre sur Tromsø du jaccuzi. Tout cela sans oublier les randonnées, Tamokdalen et ses imposantes montagnes parfois recouvertes de neige, ou de feuilles orangées en automne. Ce fut un vrai choc visuel et je ne m'en remets toujours pas. 



Le point le plus important a été pour moi, les relations sociales que j'ai pu avoir là bas. Etant un peu étrange, très émotive et n'ayant pas toujours les pieds sur terre, j'ai tendant à fuir ou à me mettre en retrait volontairement mais cet été à été différent. Peut-être parce que j'ai rencontré beaucoup de voyageurs et de personnes sensibles ou peut-être est-ce du au caractère réservé des Norvégiens, je ne sais pas, mais toujours est il que je me suis sentie à l'aise. Loin du stress qui m'empèche de dormir, profiter de chaque instant et ne pas passer mon temps à errer sur des sites ennuyeux, tout cela m'a retourné le cerveau. J'ai pu trouver ma place pendant trois mois, quelle satisfaction et je me suis peu ennuyée. Il a été très facile de rencontrer des personnes et la ville étant petite, nous avons pu nous revoir aisément et cela a engendré un cercle vertueux : une rencontre en a amené une autre ainsi que la découverte d'un nouveau lieux, de nouvelles mélodies et l'envie d'avancer s'est faite toute petite, puis c'est à reculon qu'il a fallu partir. J'ai même pleuré, la boule au ventre à l'idée de dire au revoir. Ce sera pour une prochaine fois qu'il faudra apprendre à ne pas s'attacher aux gens et aux lieux. Enfin, je présume qu'il ne s'agit que d'une question de temps et que dans quelques temps, l'envie de découvrir une nouvelle région d'Europe primera peut-être sur l'envie de retourner à Tromsø, bien que je n'en sois absolument pas convaincue.

Ce texte part dans tout les sens, peut-être que je le reformulerai, peut-être que non. Je n'arrive pas à tirer un trait sur ces trois mois et sur quelques personnes avec qui je me suis sentie heureuse et en paix.