Saturday, November 9, 2013

Faits divers (et marquants)

   En cette période pleine d'angoisses, d'insomnies et de sentiments et resentiments aussi étranges les uns que les autres, quelques évènements "traumatisants" me hantent. Les deux premiers se sont déroulés dans le métro parisiens et m'ont littéralement pétrifiée. De lâcheté, je me suis "enfuie" et suis entrée dans un déni et une peur effroyable. Fière ? Absolument pas. Les trois autres me "touchent plus directement",ou du moins l'enfant/ ado que j'ai pu être.

1. Arraché

     En pleine journée, comme d'autres milliers de personnes, j'attendais le métro. Etait-ce la ligne 9 ? La 1 ? Pas moyen de m'en souvenir mais une dame est arrivée sur le quai avec sa poussette et s'est mise à pleurer et à supplier son compagnon de lui rendre son enfant ? Ce monsieur a tout bêtement pris le bébé et ne voulait pas le lui rendre. Vu leur manière de parler, pas de doute qu'ils se connaissaient et que cet enfant lui appartenait. Il n'y aurait pas eu de problème si cette mère ne s'était éprise de désespoir et de pleurs de douleurs. Mon estomac s'est noué et la peur s'est emparée de moi. Impossible de réagir. Le monsieur n'a pas violenté ni la femme ni l'enfant mais a arraché ce dernier à sa mère. Tous les regards étaient tournés vers cette scène déchirante et aucun d'entre nous n'a réagi. Le métro est arrivé, nous sommes tous montés et j'ai laissé cette pauvre femme dans son désespoir et sans son enfant. Lâchté. Aujourd'hui j'en ai encore honte.

2. Macho blues

    C'était un mardi soir car je rentrais de l'entraînement de volley. Comme chaque mardi, j'attendais le RER B à Port royal pour rejoindre Châtelet, le A et la 9. Comme chaque mardi soir le RER était bien plein mais un couple attirait l'attention de tout le wagon. Un homme, visiblement alcolisé et violent attrapait avec force sa compagne qui ne souhaitait pas avoir la tête coincée dans ses bras, l'empêchant de respirer convenablement. Cependant, cet individu pouvait sans effort user de sa force pour retenir la tête de la jeune femme. Celle-ci a tenté de se libérer plus violemment et a reçu un échange de petites claques. De petites claques en continu  frappaient son visage. Encore une fois j'ai été pétrifiée. De quel droit cet ivrogne et odieux personnage se permettait de frapper cette pauvre femme et de surcroit dans un métro bondé. Pas une once de pitié et de savoir être. Me dirait vous, peut-être vaut il mieux la frapper "doucement" dans un lieu public que la battre à l'abri des regards chez soi. Là encore j'ai honte. Prise de peur, je n'ai pas osé crié ni arrêter le RER. Les autres personnes du wagon n'ont pas plus réagi et nous avons contemplé cette pauvre femme reçevoir claque après claque et pleurant doucement. Ordure.

3. "Qui sait ? Si on ferme les yeux on vivra vieux." (Saez) Et mieux ?

     Une de ces matinée ennuyeuses où l'on est "enfermé" et où l'on n'a rien à faire, je me suis mise à écrire. Nous étions en voyage à l'autre bout de la planète et je m'étais dit qu'écrire un journal de bord serait une bonne idée. A cette époque, j'avais un skyblog que je délaissait lamentablement. Il y avait pas mal de personne le visitant et ma timidité refoulée m'interdisait d'y déposer quoi que ce soit de personnel. Tenir un journal de voyage était donc une bonne idée et un bon exercice. Cependant, mon travail fut intérrompu par les cri incessants de la dame du dessus. Malheureuse ! Elle était battue. Quel choc. Dans l'appartement du dessus, une pauvre femme était battue et je pouvais ressentir chacun des coups qu'elle recevait tant son brute de mari la frappait fort. Des enfants se sont ensuite mis à pleurer, ils sont aussi passés à tabac. Morte de peur, je me suis précipitée au salon pour avertir les membres de ma famille qui m'ont regardée d'un air surpris et triste. Leur réponse fut unanime. Cela ne te regarde pas, chacun fait ce qu'il veut chez soi. Non tu n'appelleras pas la police, c'est la vie.
Incompréhention, horreur. Mieux vaut fermer les yeux et faire comme si tout allait bien. Avoir envie de vormir à chaque coup brutalisant ces personnes. Faire comme si rien n'avait lieu. La politique de l'autruce, tout ça.

4. "Ca fait bientôt quinze ans que j'ai dix ans. Ca parait bizarre mais si tu m'crois pas, j'te casse la gueule à la récré." (A. Souchon)

     En parlant de violence physique, comme oublier ma première expérience dans la cours de grands. Le collège .. ah cette grande époque où l'on passe du cocon de l'école primaire bien bourge et bien pensente à la cours de récré où ce cotoie le joli monde à celui des cités de banlieue. Tout ce joli monde couplé à ma maladresse n'ont pas toujours fait bon ménage.En effet, lors d'une des premières récré, je me revoie discuter avec Elodie et d'autres enfants de ma classe. Ne sachant pas me tenir droite sans bouger, je me revoie également trainer ma patte et surtout cette fille garçon manqué me foncer dessus et tomber en se prenant ma patte trainante dans les siennes. Malheur, Ô malheur que j'ai eu de ne pas ranger mes jambes à ce moment. La brute est devenue folle de rage. Quel est le malheureux ayant osé la faire tomber, elle, reine de la cité. En l'occurence, ce fut moi la malheureuse. Tétanisée par la peur, le réflex de survie qui aurait consisté à courir le plus vite possible dans le bureau du proviseur ne m'est pas venu à l'esprit. S'excuser n'aurait servi à rien ici, si ce n'est qu'à augmenter l'intensité de la claque qui aller me tomber dessus. Se faire plus petite que je ne l'était ne plaiderait pas d'avantage ma cause puisque tout le monde avait vu que j'étais la responsable. Le temps de se relever, la furie avait déjà posé le regard sur sa prochaine victime. Assumons m'étais je dit. J'allais passer pour la première fois, et sûrement pas pour la dernière, à tabac. Ventre noué, yeux plissés, je tente vainement de plates excuses qui n'arrêtent pas l'autre qui se décide à me charger. Heureusement pour moi, mon entourage a eu pitié de ma petite composition et a réussi à la raisonner comme quoi je n'avais pas fait exprès et comme quoi, elle n'aurait aucune fierté à frapper le morpion que j'étais. Sauvée je fus. En tous cas, il n'était plus question pour moi de mal de tenir et je compris à ce moment que tant que je n'atteindrais pas la taille du collégien moyen et le statut d'élève de quatrième, au moins, j'aurais intérêt à faire très attention et à sauver ma peau !

5. Ignorance, exclusion et crauté infantile. "Sur l'avenir, tout le monde se trompe. L'homme ne peut être sûr que du moment présent. Mais est-ce bien vrai ? Peut-il vraiment le connaître, le présent ? Est-il capable de le juger ? Bien sûr que non. Car comment celui qui ne connaît pas l'avenir pourrait-il comprendre le sens du présent ? Si nous ne savons pas vers quel avenir le présent nous mène, comment pourrions-nous dire que ce présent est bon ou mauvais, qu'il mérite notre adhésion, notre méfiance ou notre haine ?" M. Kundera

    A six ans j'étais timide. Je parlais beaucoup aux divers membres de ma famille mais à l'école, c'était silence radio. Passer mes récrés seule dans mon monde imaginaire ne ne dérangeait pas le moindre du monde et aller au devant de la classe pour réciter ma poésie était une torture suprême. Pourtant, je n'étais pas insensible au fait que l'on ne prenait jamais la peine de me proposer de participer aux divers jeux auxquels s'adonnaient mes camarades. Pas plus que l'on m'invitait aux anniversaires. Pour me raisonner, je me disais que tous les enfants ne pouvaient être invités par manque de place. Cependant, une fois, toute la classe a été invitée à l'anniversaire de x (x car je ne me souviens plus de qui il s'agit). Toute la classe sauf moi. Voir toutes les jolies cartes d'invitation être distribuées sous mes yeux sans m'atteindre fut une épreuve douloureuse pour la petite fille que je fus mais le comble fut qu'ils s'arrêtent tous un bon moment en face de ma propre maison. De mon jardin, je pouvais les observer et les entendre rire. A ce moment, je me suis sentie plus exclue que jamais et résolue à irradier cette tare de timidité méladive. Cependant, j'étais loin de me douter que ce sentiment continuerait de m'abriter en continu.

A suivre.